La Semaine sans écran, un concept venu du Québec, aujourd’hui adopté en France
Le défi 10 jours sans écrans, parfois appelé « semaine sans écran » bien qu’il dure dix jours, est une initiative qui propose aux enfants et adolescents de vivre sans écrans de loisirs pendant dix jours consécutifs.
Cela signifie mettre de côté télévisions, consoles, tablettes et smartphones utilisés pour se divertir, à la maison comme à l’école.
Ce défi a vu le jour en 2005 au Québec, lancé par l’enseignant Jacques Brodeur.
Avec d’autres professionnels, il s’inquiétait de la passivité et de la violence engendrées par la surexposition des jeunes aux écrans.
Le projet s’est inspiré de programmes américains de « détox télé », notamment le programme SMART de l’Université Stanford, qui avait démontré que réduire le temps passé devant les écrans diminuait l’obésité infantile et améliorait le sommeil.
Depuis, l’initiative a traversé l’Atlantique et s’est largement implantée en France. Chaque année, des centaines d’écoles et de communes relèvent le défi.
En mai 2025, ce sont 117 000 élèves de la maternelle au lycée qui ont participé.
Cet engouement illustre un besoin collectif de ralentir et de retrouver un équilibre face à la place envahissante des écrans dans la vie quotidienne.
Comment ça marche au quotidien ?
Le principe est simple, mais l’expérience reste exigeante. Pendant dix jours, on range les écrans au placard et on tente ensemble le défi « zéro écran de loisirs ».
Pour aider les enfants à tenir, l’organisation se veut ludique et motivante.
Chaque élève reçoit un carnet de bord qui divise la journée en plusieurs périodes (matin, midi, après l’école, repas du soir, avant de dormir).
À chaque période où il n’utilise pas d’écran, il coche la case correspondante et marque un point.
Les points ne sont pas comptés individuellement mais collectivement : on additionne ceux de toute la classe ou de l’école.
Ce système valorise la réussite commune, comme une équipe sportive qui avance ensemble.
Pour éviter l’ennui, enseignants, parents et associations locales organisent des activités sans écrans : jeux de société, bricolage, cuisine, sorties nature, lecture, soirées contes ou karaoké.
Retrouver le plaisir de lire transforme l’ennui en curiosité et renforce la confiance scolaire
L’idée n’est pas de punir mais de redécouvrir d’autres plaisirs.
Les dix jours offrent aussi l’occasion d’apprendre à mieux étudier sans la distraction des écrans.
Deux principes guident le défi :
- Liberté : chaque enfant choisit de participer à son rythme.
- Honnêteté : on note fidèlement ses réussites et ses écarts.
Les enseignants et les parents jouent souvent le jeu eux-mêmes, ce qui crée une ambiance solidaire.
Les enfants se sentent encouragés et les adultes reconnaissent que ce n’est pas facile non plus pour eux.
Qui organise le programme?
Le défi est aujourd’hui coordonné par l’association “10 Jours sans écrans”, créée en 2018 au Pays basque.
C’est une association loi 1901, qui s’est donné pour mission de transformer cette idée éducative en une mobilisation nationale.
L’association fournit gratuitement aux écoles et crèches un kit pédagogique (carnets, affiches, guides).
Elle s’appuie sur un réseau de bénévoles, enseignants, pédiatres, psychologues et parents.
Le ministère de l’Éducation nationale a officiellement soutenu l’initiative en 2025, soulignant qu’elle contribue à une citoyenneté numérique responsable.
Le comité scientifique compte des personnalités reconnues comme Linda Pagani (Université de Montréal) et Jean-Philippe Lachaux (CNRS).
Certaines collectivités, comme la mairie de Bordeaux, ont intégré le défi à leurs politiques locales d’éducation au numérique.
En sept ans, le nombre de participants est passé de 4 500 en 2018 à près de 100 000 enfants en 2025.
Pourquoi réduire les écrans chez les enfants ?
L’objectif n’est pas d’interdire définitivement les écrans. Mais la recherche scientifique est claire : un excès d’écran nuit gravement au développement des jeunes.
- Retards d’apprentissage
Chez les tout-petits, le temps passé devant un écran réduit le temps consacré aux jeux, aux explorations et aux interactions humaines.
Cela entraîne des retards de langage et des troubles de l’attention.
Ces apprentissages fragiles rappellent que le défi sans écrans est aussi un outil de prévention cognitive.
- Sommeil perturbé
Les enfants exposés aux écrans le soir s’endorment plus difficilement. La lumière bleue retarde la production de mélatonine et dérègle l’horloge biologique, provoquant un sommeil moins réparateur.
- Obésité et santé physique
De nombreuses études confirment le lien entre temps d’écran et obésité infantile. Plus un enfant reste assis devant un écran, plus le risque augmente.
Une étude danoise récente a montré que chaque heure quotidienne supplémentaire accroît les risques cardiométaboliques (hypertension, diabète).
- Santé mentale et comportement
Une consommation excessive provoque plus d’agitation, d’agressivité et d’irritabilité.
Certains jeunes développent une dépendance numérique, avec des symptômes proches d’une addiction : besoin de jouer toujours plus, colère quand on éteint l’appareil, négligence des autres activités.
Derrière cette addiction aux jeux, il y a souvent un besoin de reconnaissance et de fuite, qu’il faut entendre avant de corriger.
- Vie sociale et familiale
Les écrans réduisent le temps de jeu avec les frères et sœurs et les discussions avec les parents. À terme, cela entraîne un appauvrissement des interactions sociales et parfois un isolement.
Savoir désamorcer les conflits qui émergent quand on réduit les écrans est une compétence familiale clé pour ce challenge.
Les pouvoirs publics recommandent désormais zéro écran avant 3 ans, pas de console personnelle avant 6 ans, et pas de réseaux sociaux avant 15 ans.
Quels bénéfices observe-t-on ?
Les effets positifs apparaissent très rapidement.
- Ambiance familiale apaisée : moins de disputes, plus d’échanges aux repas, plus de jeux partagés.
- Créativité retrouvée : les enfants inventent des jeux, dessinent, lisent, sortent dehors.
- Moins d’agressivité : plusieurs écoles ont constaté une baisse des conflits pendant et après le défi.
- Meilleur sommeil et santé : des enfants s’endorment plus vite, se réveillent moins fatigués, bougent davantage, parfois perdent un peu de poids.
- Habitudes durables : après le défi, certains instaurent une soirée sans écran par semaine, ou choisissent de retarder l’achat du premier smartphone. Ces routines du soir créent une stabilité émotionnelle dont les enfants ont besoin.
- Fierté et estime de soi : réussir dix jours sans écran devient une victoire personnelle qui renforce la confiance en soi.
Ces bénéfices concernent aussi bien les enfants que les parents, qui redécouvrent une vie familiale plus riche.
Comment participer au programme Semaine sans écrans
Deux possibilités :
- Par l’école : beaucoup d’établissements participent en mai. Les parents peuvent proposer le projet aux enseignants. L’association fournit alors les supports nécessaires.
- En famille : on peut organiser son propre défi. Fixer les règles ensemble, créer un tableau de suivi, prévoir des activités alternatives, et surtout participer soi-même.
L’important est de faire l’effort sincèrement, sans viser la perfection. Si l’enfant craque, on en parle calmement, et on continue.
Beaucoup de familles trouvent aussi utile un guide des parents pour prolonger les bonnes pratiques après le défi.
Mon regard de coach pédagogique
En tant que coach ayant accompagné des centaines d’élèves, je constate que ce genre d’expérience change réellement les enfants.
Ceux qui pensaient « je ne tiendrai jamais » finissent fiers d’avoir réussi.
Ils participent davantage en classe, racontent qu’ils ont lu un livre ou aidé à la maison au lieu de jouer. Leur confiance et leur autonomie grandissent.
Les parents découvrent aussi qu’ils peuvent motiver sans cris, simplement en donnant du sens à l’effort.
Pour les parents, ce défi est une aide bienveillante, pas un jugement. Il permet de distinguer les écrans utiles et ceux qui asservissent, et de reprendre le contrôle sur nos usages.
Au-delà, c’est une aventure collective : familles, écoles et associations se mobilisent ensemble, recréant du lien social. Dans une époque dominée par les écrans, cette solidarité est précieuse.
Conclusion
La « semaine sans écran » et le défi des 10 jours sans écrans sont des expériences simples mais profondes.
Elles permettent de redécouvrir le monde hors écran, de renforcer les liens familiaux et de donner aux enfants confiance en leur capacité à se maîtriser.
Dix jours peuvent sembler longs, mais c’est un investissement minime pour une transformation durable. Même si la console se rallume ensuite, les habitudes et la conscience acquises restent.
Je vous encourage à tenter l’expérience. Vous pourriez être surpris des effets positifs pour vos enfants… et pour vous.