Une grève d’une ampleur historique s’est invitée au Québec ce mois de novembre, impliquant, principalement le Front commun, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), et la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ).
Dans cet article, nous nous limiterons à ce qui concerne l’éducation, et notamment la grève historique au québec actuellement en cours et menée par la FAE pour ses enseignants. Cette grève, rappelons-le, a été votée à 98 % par les enseignants, grève durant laquelle ils n’auront absolument aucun revenu financier.
Pour véritablement comprendre cette mobilisation sans précédent, plongeons dans l’analyse des causes profondes de cette grève, remontant de l’histoire jusqu’à la situation actuelle en 2023.
Dans Cet Article…
- Une Grève Historique au Québec
- Pourquoi la Grève? Analyse Complète
- Revendications Syndicales
- Analyse de la Situation
- Conclusion
Pourquoi la Grève? Analyse Complète
La grève des enseignants au Québec est un événement important, qui a un impact sur tous les parents et élèves de la province. Il est donc important de comprendre les enjeux de cette grève.
1. Héritage Historique
Depuis plus de 50 ans, le Québec n’a pas vécu de grève d’une envergure similaire à ce qu’on a vu dans les services publics.
Pour contextualiser, revenons à avril 1972, lorsque le premier Front commun syndical a initié une grève de dix jours, marquée par l’adoption d’une loi spéciale pour forcer le retour au travail et l’arrestation des leaders syndicaux.
Cet événement a laissé une empreinte durable dans la mémoire collective, et aujourd’hui, une nouvelle génération de travailleurs se lève pour réclamer des changements.
Les causes de la grève historique au québec
Les causes de la grève sont complexes et remontent à plusieurs années. Cependant, on peut identifier plusieurs facteurs qui ont contribué, au fil du temps, à ce qu’on arrive à son déclenchement, notamment :
1. Conditions de Travail Difficiles
Les enseignants du Québec, fer de lance de cette grève, font face à des défis considérables.
Les classes surpeuplées, la gestion des comportements difficiles, le suivi intensif des élèves, l’insuffisance de personnel de soutien, et le manque de structures d’insertion professionnelle pour les nouveaux enseignants…créent un cocktail de pressions.
- Les classes sont de plus en plus nombreuses.
En 2022, la moyenne d’élèves par classe au primaire au Québec était de 25,9, tandis que la moyenne nationale au Canada est de 22,7. Au secondaire, la moyenne d’élèves par classe au Québec est de 29,2, tandis que la moyenne nationale est de 27,1.
- Les élèves sont de plus en plus difficiles à gérer.
Le nombre d’élèves en difficulté d’apprentissage et d’adaptation au Québec est en augmentation. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 25% du primaire et du secondaire sont considérés comme en difficulté d’apprentissage en 2023.
- Le personnel de soutien est insuffisant.
Les enseignants du Québec ont besoin d’un soutien pour les aider à gérer les élèves difficiles, à planifier leurs cours et à évaluer adéquatement les élèves. Cependant, le personnel de soutien est insuffisant dans de nombreuses écoles au Québec.
«La tâche d’un enseignant ne s’arrête pas aux portes de l’école. «Ça ne comprend pas tout le travail de préparation et de correction.
Dans les faits, un professeur travaille plus de 40 heures par semaine durant l’année scolaire.» Brigitte Bilodeau de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).
Les enseignants du secondaire et du primaire au Quebec, qu’ils soient débutants ou chevronnés, ressentent le poids croissant de ces conditions dégradées.
2. Le manque de reconnaissance des enseignants
Les enseignants du Québec sont mal payés par rapport à leurs homologues canadiens. Ils ont également des régimes de retraite moins avantageux.
Voici quelques données et exemples concrets qui corroborent cette affirmation :
Salaires
Les salaires des enseignants du Québec sont inférieurs à ceux des enseignants dans d’autres provinces canadiennes.
Selon les résultats d’une compilation faite par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), obtenue par Radio-Canada et publiée en mars 2023 dernier, un enseignant sur six gagne 16 000 $ de moins au Québec qu’ailleurs au Canada. Ce qui est énorme.
Ce manque de reconnaissance a un impact négatif sur la qualité de l’éducation au Québec. Il rend plus difficile pour les enseignants de bien faire leur travail, dans les bonnes conditions, et il peut nuire à l’apprentissage des élèves.
3. La pénurie d’enseignants au Québec
Le Québec est confronté à une sévère pénurie d’enseignants.
En pleine période de rentrée scolaire, fin août dernier, on apprenait avec stupeur qu’il manquait jusqu’a 8558 enseignants, soit 1859 à temps plein et 6699 à temps partiel au Québec.
Cette pénurie est due à plusieurs facteurs, notamment la dégradation des conditions de travail, le manque de reconnaissance et le départ de nombreux enseignants à la retraite.
3. Revendications Syndicales
Voici quelques-unes des demandes des syndicalistes:
3.1 Une Meilleure Reconnaissance
Au cœur des revendications, les enseignants réclament une reconnaissance à la hauteur de leur engagement. La FAE demande des augmentations salariales annuelles de 4 %, en phase avec l’inflation, et des améliorations du régime de retraite.
3.2 Conciliation Famille-Travail-Vie Personnelle
Les enseignants demandent un meilleur équilibre entre travail, famille, et vie personnelle. Cela inclut plus de congés et un accès plus flexible à ces congés, pour favoriser un meilleur équilibre de vie.
3.3 Composition de la Classe
La composition des classes est devenue un sujet brûlant. Les enseignants veulent des règles de formation claires pour former les groupes.
Ils veulent aussi qu’on puisse reconnaître rapidement les besoins réels des élèves ainsi que leurs capacités, pour mieux les orienter et éviter qu’ils se retrouvent avec des enseignants qui ne sont peut-être pas dans les meilleures dispositions pour bien les aider (formation, surcharge de travail).
La demande est de réduire la charge de travail liée à des classes hétérogènes.
3.4 Allègement de la Charge de Travail
Les règles bureaucratiques imposent une charge de travail écrasante aux enseignants. Les syndicats réclament une plus grande autonomie professionnelle et un plus grand respect de leur expertise pour alléger cette charge.
3.5 Nouvelles Dispositions Concernant les Griefs et l’Arbitrage
Les enseignants demandent des améliorations dans le mécanisme d’arbitrage pour faciliter les échanges avec l’État, tant au niveau local que national.
3.6 Traitement des Enseignants Précaires
Une meilleure sécurité d’emploi pour l’éducation des adultes et la formation professionnelle est demandée. Les droits des enseignants précaires doivent être élargis, et la rémunération pour les suppléances occasionnelles doit être revue à la hausse.
3.7 Milieu de Travail Sain
Les syndicats exigent des règles garantissant un environnement de travail physique optimal et la promotion globale de la santé des enseignants.
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Grève Historique Au Québec: Analyse de la Situation
Il est clair que la mobilisation actuelle des enseignants au Québec est le résultat d’années de pressions croissantes, de conditions de travail difficiles et de revendications non adressées ou satisfaites.
Le départ massif de nouveaux enseignants après seulement sept ans, souligné notamment par les médias, est symptomatique des problèmes profonds dans le système éducatif québécois.
La détermination des enseignants à déclencher une grève générale illimitée, malgré l’absence de fonds de grève et l’assurance de ne pas être payés, souligne la profondeur et surtout l’urgence de la situation.
Cette grève historique au québec n’est pas une démonstration superficielle; c’est un appel désespéré à l’écoute et à l’action.
Conclusion
La grève qui secoue actuellement le Québec est bien plus qu’une simple protestation; c’est le reflet d’années d’injustice perçue, de conditions de travail dégradées, et de revendications non satisfaites.
Les enseignants se tiennent ensemble, prêts à sacrifier leurs salaires pour un système éducatif qui reconnaisse leur valeur. Les parents, les élèves, et la société dans son ensemble ne peuvent ignorer l’ampleur de cette mobilisation historique qui résonne au-delà des salles de classe.